Le petit séminaire étudié (département de la Vendée) se présente comme une école religieuse qui met, de manière continue, ses recrues en situation d’intérioriser des dispositions à se séparer et à se percevoir comme destinés à une carrière sacerdotale.
Un aménagement particulier de l’espace et du temps contribue à plonger les séminaristes dans un univers religieux fermé dans lequel toutes les activités, y compris les plus banales, concourent à inculquer, en particulier sous la forme cachée de techniques du corps, les éléments fondamentaux de l’habitus sacerdotal.
Le travail scolaire lui-même s’effectue de manière à ce que l’effet de consécration symbolique qui lui est toujours attaché se convertisse en fonction de la consécration religieuse des élèves.
La crise que le petit séminaire connaît à partir des années 65 est la conséquence des multiples transformations survenues entre temps d’une part parmi le public traditionnel de l’Eglise, d’autre part au sein du clergé diocésain.
Ainsi, au fur et à mesure que les normes scolaires se diffusent et s’imposent à tous, les élèves sont amenés à utiliser et à rentabiliser le petit séminaire comme une école secondaire ordinaire conduisant soit à des prolongations d’études, soit à un métier profane.
D’un autre côté, les prêtres appartenant aux fractions les plus basses du clergé ont trouvé un moyen privilégié de renforcer leur position dans le champ religieux dans le refus dereconnaître une quelconque valeur au mode de fonctionnement traditionnel du petit séminaire ainsi au type de prêtre produit par celui-ci ; ils altéraient par là image sociale de la compétence religieuse des prêtres plus âgés occupant les postes de pouvoir.
Charles Suaud et son éditeur mettent à la disposition des internautes l’intégralité des textes.
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